Je n’ose plus partager la plupart des images de bébés morts que je reçois, tant nous vivons dans un brouillard de désinformation. Mais cette vidéo-là — celle de Palestiniens abattus en direct dans un hôpital de Khan Younis — je la partage, parce qu’elle a fait la une de journaux britanniques ce matin, et qu’elle est validée par Reuters.
Voilà sans doute ce que Gaza endure depuis plus des années : une violence méthodique, industrialisée — que nos médias et nos dirigeants couvrent, justifient, ou relèguent au silence. Ils brandissent l’accusation d’antisémitisme, parfois de bonne foi (on veut le croire) mais en reproduisant toujours les mêmes réflexes : diversions sophistes, posture défensive, et fidélité aveugle à une vision idéologique du sionisme devenue hégémonique.
Il y aura bien sûr une passion de revanche à l’égard des Juifs. Personne aujourd’hui ne peut plus nier la haine antisémite créée au Moyen-Orient par cette guerre d’occupation et de déplacement, par cette domination sur le récit en Occident, par cet écrasement des faits sous des éléments de langage répétés en boucle, par ce bavardage pseudo-intellectuel sur les mots, « génocide ou pas génocide ». Demain, il faudra sans doute protéger les Juifs des représailles inéluctables. Mais ce sera demain. Mettons d’abord à genou le tyran, nous penserons ensuite à son peuple.
Si cette guerre est la nôtre, c’est parce que nos institutions, nos élites, notre presse, notre État l’alimentent, la protègent, la justifient en chœur, et ce avec beaucoup trop de minutie et de subtilité. Cela DOIT doit nous pousser à nous interroger sur la fabrication de l’opinion dans son intégralité, sur l’hégémonie non seulement capitaliste mais aussi étatiste sur cette dernière. Ces forces publiques comme privées, idéologiquement captives, sous l’influence d’un sionisme devenu doctrine d’État, sont nées au croisement d’une fidélité post-Shoah mal interrogée, d’une histoire du nationalisme Juif passée sous silence à l’école, d’une ingérence étrangère, d’une radicalisation intellectuelle d’une partie de la communauté juive et du champ médiatique et universitaire. Cette radicalisation, nous n’avons pas su la voir, ni l’interroger, tant notre culture critique est à genoux. Tant notre « Science », notre pensée, nos humanités ont encore une fois failli — moralement, intellectuellement et politiquement.
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