Bientôt plus besoin de castrer le maïs ?

Des scientifiques viennent d’annoncer la première création d’un riz hybride pouvant se reproduire par apomixie (reproduction asexuée, ses enfants lui sont génétiquement identiques). Cela pourrait bientôt signer la fin du fastidieux castrage du maïs dans le Gers et les Landes ! Finis les étés passés à se faire trancher les bras et les mollets par des feuilles trop acérées.

Mais au fait, pourquoi castre-t-on le maïs ? C’est parce que beaucoup d’espèces végétales (maïs, riz, etc) sont bien plus productives et vigoureuses quand les lignées « pures » sont hybridées (effet d’hétérosis). En revanche, ces hybrides ne sont pas stables : la reproduction des hybrides entre eux donne en effet une grande hétérogénéité génétique et l’avantage productif de l’hybridation n’est pas transmis à la deuxième génération.

A. Fisher/Science. Reproduction of crops. https://www.science.org/content/article/game-changer-scientists-are-genetically-engineering-crops-clone-themselves
Reproduction d’un riz hybride. A gauche, reproduction sexuée (les enfants ne sont plus les mêmes hybrides). A droite, reproduction par apomixie.

A. Fisher/Science https://www.science.org/content/article/game-changer-scientists-are-genetically-engineering-crops-clone-themselves

C’est pourquoi on a tant d’agriculteurs multiplicateurs dans le Gers et les Landes : ils créent chaque année des épis hybrides de maïs dont les grains sont vendus et semés l’année d’après. Il faut le refaire tous les ans car les épis créés par ces hybrides ne seront eux-mêmes pas de bonnes semences.

Les multiplicateurs sèment des rangées alternées de maïs de lignées différentes. La lignée A, puis la lignée B, et ainsi de suite. Les jeunes gersois et landais castrent le maïs l’été (enlèvent la fleur mâle juste quand elle apparaît) pour être sûr que la lignée A (que l’on castre) ne peut faire des bébés qu’avec la lignée B (non castrée). Ainsi on est sûr d’obtenir A-B et de produire des épis hybrides.

Avec la découverte génétique annoncée par ces chercheurs, on aura bientôt des semences hybrides qui peuvent se reproduire de manière stable et eux-mêmes donner des semences productives, donc on aura moins besoin de recréer des épis hybrides par castration tous les ans ! Les jeunes gersois les remercient …. mais ils devront se trouver une autre activité estivale !


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