Le progrès, ça n’existe que par comparaison.

« Comme le bonheur, le progrès, ça n’existe que par comparaison. »

Non seulement cette petite phrase de De Gaulle est prémonitoire de la critique simple selon laquelle une société qui décroîtrait seule et verrait le niveau de vie des autres augmenter serait politiquement instable, mais la conférence de presse en entier est un excellent résumé de la politique économique gaulliste. Une politique qui est d’abord un pragmatisme : compétitivité de l’industrie, sécurité des travailleurs dans la mobilité qui s’impose, modèle social de transformation, recherche de pointe, indépendance économique et ouverture.

Certes, l’heure n’est plus au remembrement des parcelles, au productivisme agricole, mais l’heure est toujours à la transformation, et rapide, qui plus est.

Pour revenir à la petite phrase qui a déclenché ce billet, elle me rappelle que quand il s’agit de réduire notre impact environnemental seuls et de manière unilatérale, il y a trois voies qui semblent instables :

– l’abandon du développement au profit de l’accès à services fondamentaux pour tous, l’éducation, la santé, etc. C’est l’exemple cubain et il semble qu’il ne tienne que par la force et temporairement. Mettez un smartphone dans la main d’un jeune sur cet île et il n’en a plus rien à faire de ses médecins abondants et gratuits, il ne cherche qu’à fuir.

– ne jamais être rentré dans le développement, avec l’exemple des rares sociétés restées traditionnelles et fermées, qui lui ne semble tenir que tant que ces sociétés sont à l’abri du contact même avec les sociétés de développement.

– le socialisme, qui s’en prend à quelques dépenses somptuaires pour faire l’éloge de la consommation populaire, qui est lui sans doute contre-productif, car il est fort probable que si vous prenez 1.000.000 d’euros à un riche et en donnez 1000 à 1000 plus modestes, vous augmentiez l’impact environnemental de ces euros, du moins sur le court terme.

Il y en a une autre, qu’on a trop méprisée sans l’essayer vraiment, c’est le développement durable, c’est la sobriété, une sobriété qui ne s’en prendrait pas aux acquis les plus importants – le temps de travail, la santé, des métiers plus épanouissants, moins difficiles, l’automatisation des tâches – mais à toutes ces dépenses superflues, des ménages, des industries, des services, une sobriété par la rareté qui pousserait, à optimiser l’utilisation de nos ressources.

Moins chauffer, s’habituer à des routes plus pourries et plus étroites (et accepter leur risque), moins renouveler, acheter moins de gadgets, manger moins de viande, habiter des surfaces plus petites. Mais continuer à chercher, capitaliser, engranger, inventer, penser, progresser.

Etrangement pourtant les nations plus austères du Nord ne semblent pas avoir un impact environnemental bien différent du nôtre, et ça je ne me l’explique que par le fait que l’austérité qu’on a imposé là bas aux ménages on ne l’a pas imposée aux industries. En contraignant la consommation des ménages, on a fait des pays des machines à export et jeté les individus dans une consommation industrialisée, par exemple alimentaire, moins chère à produire mais bien pire pour la santé comme l’environnement. Ce n’est pas cette austérité que je souhaite, mais une sobriété, avec au coeur, les gens, et la France. De grands efforts, mais pour les gens, pour le pays, qui protègent son environnement, n’étranglent pas son énergie. De la considération pour les difficultés, mais pas de misérabilisme. Si taxe il doit y avoir pour renchérir l’énergie, qu’elle soit liée à une orthodoxie budgétaire et à des investissements pour l’avenir. Rien de plus insupportable que de faire raquer les gens puis d’utiliser ces recettes pour engraisser une administration obèse dont les agents brûlent gaiement la planète. Commencer par réemployer tous les économistes de l’environnement, taxes redistribuées mon cul, faire le ménage à l’ADEME, dans les outils de quantification de merde.

Très banal tout ça, j’aurais bien fait de me taire.


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